jeudi 31 mai 2018

33 de Vransko à Celje à 28 km

1 L’étape du jour
 
C’est la partie la plus intéressante de cette journée avec la visite en premier de la nécropole de Sempeter suivie de l’arrivée à Celje, belle ville Slovène.
 
Nous avons visité la nécropole puis comme c’était l’heure du déjeuner nous avons trouvé sur place une Gostilna (une auberge) et nous avons commandé un « kosilo » avec deux bières. Le garçon qui ne parlait pas bien anglais nous a dit quelque chose comme « malica » mais en slovène qu’à notre tour n’avons pas bien compris, nous sommes restés sur le kosilo... Bref (façon de dire), nous avons eu une soupe (à volonté), une belle salade composée, un plat principal composé d’une escalope panée de poulet et d’une tranche de filet mignon de porc accompagnées de riz et de pommes sautées... Le « kosilo » c’est le menu pour travailleur de force !

  
 
Et bien sûr, tout bon « kosilo » se termine par un dessert : une crème surmontée de chantilly avec sa petite feuille de menthe citronnée.


Alors, combien pour un tel repas incluant 2 bières de 0,5 litre et 2 cafès ? Nous nous attendions à un prix surprenant, il l’a été : 26€ !
 


Le prochain coup nous demanderons à la place d’un « kosilo » un simple « malica » (qui est un petit kosilo) !
 
2 Le tracé
 
 À suivre
 
 
 
3 Le détail de l'étape
 
 
 
Fines Ialiae et Norci  Après le passage du col d’Atrans et de la limite entre l’Italie et Norique à hauteur du col, l’anonyme de Bordeaux décrit Les étapes suivantes :
Mutatio ad medias milia xiii
Civitas celeia milia xiii
Mutatio lotodos milia xii
Mansio ragindone milia xii
Mutatio pultouia milia xii
Civitas poetouione milia xii.
Transis pontem, intras pannoniam inferiorem. (traversée du pont (sur la rivière Drava) et entrée en Pannonie Inférieure)

La mutatio ad Medias    était située à XIII milles d’Atrans. Serait-ce Gomilsko d'aujourd'hui ? On y a découvert une tombe romaine et certains suggèrent qu’il s’agit de la mutatio Ad Medias. Le nom du village vient de Gomili le monticule. D'autres hésitent entre Vransko ? ou Ločica pri Šempetru ?
 
 
Nécropole romaine de Sempeter 3311 Šempeter v Savinj. dolini   ouverture de 9 h à 17 h
Il y a presque 2000 ans, la route romaine reliant les villes romaines Aquilea, Emona, Celeia et Poetovio (Aquileia-Ljubljana-Celje-Ptuj) passait par Šempeter. Beaucoup de puissants patriciens romains vivaient à proximité et certains ont été enterrés dans les tombes de la nécropole romaine à Šempeter.
Les vestiges de la route romaine de Šempeter sont, sur le côté est du village, encore visibles aujourd'hui. 
D’ailleurs, la rue pricipale de Sempeter s’appelle Rimska Cesta, la voie romaine. 
 
 
Cette voie romaine préservée le long de laquelle ont été découvertes de grandes tombes et des tombes plus petites. Le parc archéologique de cette Nécropole romaine expose les plus belles tombes romaines de Slovénie et à l’ouest, parallèle à la route a été mise en évidence la voie romaine qui passait bien sûr à à proximité de la nécropole.



 
Les Romains enterraient les morts le long des routes, en dehors des villes fortifiées. Les tombes de Šempeter sont celles de l'élite de la ville de Celeia. Plus de 100 tombes, richement décorées de reliefs, ont été découvertes par hasard en 1952 en creusant la terre dans un verger après avoir révèlé la statue d'une femme assise. À l'époque romaine, le cimetière était situé le long du côté nord de la route romaine et la rivière Savinja courait sur le côté opposé. Le vicus était probablement situé juste à côté de la route principale. 



Une partie du cimetière a été dévastée par la grande inondation du IIIème siècle après JC et les monuments les plus proches du lit de la rivière sont tombés dans l'eau. Ils étaient couverts de sédiments et ainsi ont été conservés au cours des siècles. Le reste des monuments a été utilisé malheureusement comme matériau de construction.
 
La tombe de Spectacius mesure 8 mètres de haut, c'est la plus haute tombe de Šempeter. 



Gaius Spectatius Finitus, édile de Celeia, avait construit le tombeau pour lui-même, son fils Gaius Spectatius Priscianus et probablement pour sa femme aussi, troisième personnage représenté  
La date exacte de la tombe ne peut être vérifiée, mais on suppose qu'elle remonte au règne de Marcus Aurelius (161-180) ou Septimius Severus (193-211).
De nombreux reliefs ornent le tombeau, chacun raconte sa propre histoire. Les reliefs de fond décrivent l'histoire d'Iphigénie. Les motifs de quatre saisons et les images des jumeaux Castor et Pollux représentés dans les reliefs d'angle complètent la riche décoration du monument funéraire. 



 







Le tympan représente une lutte entre animaux et contient une tablette où sont inscrits les noms des défunts. Sous le toit de la tombe, les statues des trois membres de la famille sont affichées. Sur le dessus du toit, une tête de Medusa est tournée vers l'avant, protégeant le lieu de repos des morts.
 
 
 
Le tombeau de la famille Ennius est réputé être le plus beau. Ayant la forme de petite chapelle, il a été construit pour Quintus Ennius LiberalisEnnia Oppidana et leur fille Kalendina. Le tombeau aurait été érigé lorsque Kalendina est morte, et le nom de son frère Vitulus a été gravé plus tard. Les inscriptions ne révèlent pas la date exacte de la tombe, mais les caractéristiques visuelles des statues et des reliefs impliquent que le tombeau a été créé dans la dynastie Antonine (138-161), avant le règne de Marcus Aurelius.





Des reliefs riches et élaborés ornent le tombeau. Le relief sur le côté avant de la tombe représente le dieu Zeus transformé en  taureau qui porte la prêtresse Europe à travers la mer. Les détails, comme un dauphin au-dessus des vagues et le voile d'Europe qui vibre dans le vent, s'ajoutent à l'ampleur du mouvement. Juste à hauteur de l’urne funéraire, un relief montre Ganymède emporté par Zeus transformé en aigle. 



 
Sur la gauche, les images d'un satyre et d'une nymphe symbolisent l'au-delà.
Les portraits en relief des trois membres de la famille peuvent être vus au sommet de la tombe. Le père, vêtu d’une tunique et d’une toge, tient un document entre ses mains. La mère porte une robe celte et une cape. Ses bijoux sont riches, elle tient un mouchoir et porte un chapeau Norique.
 
 
La tombe de Vindonius est l'une des plus anciennes tombes de Šempeter. L'inscription révèle que Gaius Vindonius Successus, l'édile de Claudia Celeia, avait réalisé  le tombeau pour lui-même et sa femme dévouée Julia, âgée de 50 ans quand elle est décédée. Pendant sa vie, Gaius Vindonius était un aedile, responsable des bâtiments publics de Celeia.



Sur un socle simple, repose l’urne dans laquelle furent placées les cendres du défunt et d'autres objets. Le relief sur la face avant du tombeau représente une scène où Hercule conduit Alcestis de retour du monde souterrain. 



Il y a aussi une tablette avec des lettres D M (dis ma nimbus), ce qui veut dire les mânes divines, les âmes des morts. La partie supérieure de la tombe se rétrécit dans une pierre carrée avec des reliefs d'un homme et d'une servante.
 


 
 
Le tombeau en forme de chapelle de la famille Secundinus est l'un des monuments les plus récents de Šempeter. Sa forme et sa modeste décoration distinguent cette tombe des autres. La construction de cette tombe a été commandée par Gaius Spectacius Secundinus pour lui-même, son épouse Tutoria Avita, son fils Spectacius Cervius, son neveu Rusticius Tutorius et son grand-neveu Rusticius Albinus. Les noms suggèrent que la tombe remonte à la fin de la dynastie des Sévères (le règne d'Alexandre Sévère) ou aux années des premiers empereurs militaires (première moitié du IIIème siècle après JC).
Les portraits au-dessus de l'inscription montrent Gaius, à sa femme et à leur neveu de 12 ans. Cependant, seul le côté gauche du portrait est resté intact et l'image de l'homme n'est qu'en partie conservée. Le genre différent et la position des inscriptions prouvent que certains noms de membres de la famille ont été inscrits plus tard.

Dans la partie centrale du pilastre gauche, il y a une gravure d'ascia (scie) symbolisant le rituel du creusage de la tombe et la protégeant de personnes étrangères.
 
A travers la commune coule la rivière Savinja, mais au début de notre ère, elle coulait juste au-dessous du village, le lit s’est déplacé de près de 2 km. Le village Savinjska est relié à la route régionale Celje-Ljubljana, comme lors de l'antiquité romaine, à l'importante voie romaine entre Emona et Celeia, qui passait au sud du cimetière. La route avait 9 mètres de large et est visible sur plus de 300 mètres dans une rectitude parfaite.
  
 
Une vaste nécropole pour les « sans-dents » s’y trouvait du côté nord de la chaussée. Malheureusement, tout le mobilier funéraire a disparu alors que plusieurs archéologues avaient noté la présence de nombreux objets lors des découvertes.


Au revoir Sempeter ! Un nouveau mot en Slovène : nasvidenje...



 La route est droite jusqu’à notre étape.
 
Celje   Civitas Celeia
 Avec ses 37 800 habitants en 2002, Celje est la troisième ville de Slovénie et à une histoire très riche. Pendant quatre cents ans, la région de Celje a été régie par les Romains qui considéraient la ville sur la rivière Savinja très importante, elle était nommée la « Seconde Troie » (Troia secunda) car située sur un carrefour important de grandes routes comme l'indique la célèbre Tabula Peutingeriana, où les chemins se divisaient et conduisaient à tous les côtés de l'Empire romain de l'est.




 
 Les Romains ont pris le pouvoir dans la ville alors florissante dans l'année 15 avant notre ère lorsque le royaume Norique (Regnum Noricum) a été annexé sans combat. Ce royaume  jouissait d'un haut niveau d'autonomie. Pendant le règne de l'empereur Claudius, du 41 au 58, il fut placé sous l'administration directe romaine. Dans cette période (en 46), Celeia a obtenu les privilèges de ville et le nom latinisé Municipium Claudia Celeia. Le nom Celeia a été conservé à ce jour son origine en slovène (Celje) et en allemand (Cilli) 
 
 
 

Celeia devait être une ville merveilleuse. Les écrits la décrivent comme riche et densément peuplée, protégée par des murs et des tours, avec de nombreux palais de marbre à plusieurs étages, de larges places et rues. 
 
.Au cours de la période classique tardive, Celeia est devenue beaucoup plus petite, et après le tournant du VIème siècle, la ville autrefois florissante est à peine mentionnée.
 
Ville cosmopolite, en plus des noms témoignant de la présence de celtes romanisés, des personnes de toutes sortes et toutes races pouvaient s’y retrouver : Syriens, Africains et autres. La population comprenait également des légionnaires retraités des armées romaines qui sont restés à Celeia après avoir accompli leur service actif. Le tissu ethnique riche de la population est également source de la diversité des cultes dans la ville. Durant les quatre siècles de la domination romaine, on trouvé à Celeia, en plus du culte des dieux romains, la divinité solaire Mithra introduite dès le IIème siècle venant de l'Est, ainsi que les anciens cultes celtes : Epona, le protecteur des chevaux, la sacrée Noreia et la  divine Celeia. Simultanément au culte mithraïque, le christianisme a également été introduit dans la région. Au IVème siècle, la ville est le siège d'un évêché. La présence précoce du christianisme à Celje est attestée par la légende de l'évêque Maximillian, un natif de Celeia, qui est mort en martyr en 284. La nouvelle religion s'est propagée rapidement dans la ville et ses environs, surtout après 380 lorsque le siège du diocèse a été déplacé à Celeia comme contrepoint aux invasions germaniques de plus en plus fréquentes (Poetovio ayant été rasée par les Goths en 380). Un an plus tard, probablement le premier évêque de Celeia, Tenax, est mentionné au Conseil d'Aquileia. Les références ultérieures incluent Gaudentius et Ivan I en tant que dernier évêque de Celeia (579, 597 et 599).



Bien que Celeia ait vécu relativement paisiblement tout le temps, loin des atrocités des guerres, ce n'était pas dans un calme absolu permanent. Étant proche de la frontière orientale de l'Empire, Celeia était très concernée par les invasions des tribus nomades, les acteurs la chute de l'Empire. La glorieuse armée romaine était devenue de plus en plus vulnérable et sensible aux attaques des armées nomades de barbares qui ont pillé également Celeia. L'heure la plus sombre est venue en 475 lorsque la ville romaine, auparavant prospère, a été pillée et rasée par les Huns. 
 
 
 
 Le musée régional de Celje Trg Celjskih knezov 8    entrée 5€ ouvert de 10 à 18 h
C’est le deuxième plus ancien musée de Slovénie, il est situé dans le centre de la vieille ville. Ses collections de la préhistoire jusqu'à la première guerre mondiale sont exposées en deux lieux proches mais distincts :  le Manoir des Vieux Comtes et le Palais Princier.
 
Dans le premier nous avons vu 3 expositions : une sur la fabrication du verre autour de Celje...











 une autre concernant une femme extraordinaire globe-trotter Alma Karlin...









et une partie plus classique dont le chef d’œuvre est le fameux plafond de Celje qui était demeuré caché sous un revêtement de plâtre pendant des siècles. 



















 
Dans le second, le palais princier se trouvent une partie des  restes de la ville romaine et l'histoire de la fameuse dynastie des Comtes de Celje.
Le site d'exposition archéologique dans les caves du Palais Princier est extraordinaire, c’est la présentation des vestiges romains de Celeia in situ
On peut imaginer marcher sur le Decumanus Maximus dallé et entouré de colonnades.



C’est bien une partie du centre de Celeia qui est accessible sous le château. Il ne manque plus que les lunettes 3D pour bien percevoir la ville telle qu’elle était.


Les fondations de la muraille et des deux tours de la porte occidentale sont bien visibles.


Enchâssée dans ces sous-sols, une domus expose une partie de sa décoration murale.




C’est réellement un site hors-norme qui serait transfiguré avec une vision 3D car les explications sont rares et l’ampleur du site ne permet pas de bien comprendre la nature eds lieux.


 
Un buste d’empereur romain bien conservé
 
Un autre bien plus abimé.


Le vieux puits a été découvert lors des fouilles de la la tour sud-ouest du château.



La photo représente les travaux de fouilles dans la rue Savonina où 37 mètres du Cardo Maximus ont été mis à jour  mais malheureusement recouverts aujourd’hui par un beau bitume noir seulement indiqué par des petits disques en son milieu qui permettent de voir son axe....





Dès les temps préhistoriques, la position favorable et protégée à côté d'un méandre de la rivière Savinja, le riche arrière-pays de la vallée de la Savinja et l'intersection des routes commerciales invitaient à habiter la région de l'actuelle Celje. Le peuplement le plus ancien de la colline Miklavški hrib est connu à la fin du Bronze et au début du Fer (du 9ème au VIème siècle avant JC).
En face sur l’autre sommet  se trouve le château Stari Grad ...


Surplombant la ville et la rivière, le château de Celje est son monument emblématique. Il s’agit du premier et du plus grand château de la famille des Comtes de Celje qui donnèrent au drapeau slovène, ses trois étoiles d’or. En taille, c’est le plus grand château de Slovénie.




Nous y avons été accueillis par le Comte Herman II et la Comtesse Barbara de Celje dans leurs plus beaux atours.




Au pied de la tour du comte Frederick II, des instruments de torture donnent une idée du plaisir d’être assis sur un tel fauteuil.

ou bien encore être allongé sur un tel lit tout en étant quelque peu étiré...


Demain nous irons à Poetovio autrement dit Ptuj lors de notre dernière étape complète en Slovénie.