jeudi 19 avril 2018

12 de Brescia à Desenzano del Garda

1 l’étape du jour

C’est une étape qui devait être rectiligne en l’an 333 mais qui ne l’est plus guère sauf sur une portion qui conduit à Pontenove qui pourrait bien être la Via Gallica.  
Le début de l’étape est la classique sortie de ville compliquée par la proximité des collines au nord qui conduit à un long couloir étroit sans saveur de centres commerciaux et de petites villes. C’est après le « triangolo Auchan di Mazzano » que le trajet devient plus rural. Soit après plus de 10 kilomètres !
Toujours est-il la plaine disparaît à l’approche du lac, les collines qui apparaissent à l’horizon sont en fait les moraines  latérales de l’ancien glacier qui ont bordés les rives  est et ouest du lac de Garde.


 
 
 
2 le tracé
 
 

 
3 le détail de l'étape
 
Il convient de rappeler qu'avec la conquête romaine de la plaine qui s'étend au nord du Po (la Regio XI Gallia Transpadana), les routes romaines se caractérisent par des chemins rectilignes dans les plaines et dans le fond de la vallée, nécessitant une activité d'entretien constant. La réparation des routes est nécessaire aux liaisons postales et commerciales régulières comme pour assurer le contrôle politique et militaire.



Grande différence entre les itinéraires de la période romaine et ceux des périodes suivantes où les activités de maintenance et le contrôle du réseau routier font défaut. La conséquence est que les itinéraires ont eu tendance à augmenter d'altitude pour éviter l'inondation, les glissements de terrain,  ou d'autres conditions désastreuses qui touchent les routes situées le long du fond de la vallée ou proches des rivières et des lacs.

 
 Les vestiges les plus anciens trouvés dans la région  de Rezzato datent du néolithique : à la Cavernetta Ca’ dei Grii. Cette cavité est située sur le versant sud du mont Regogna et est perdue lors de la construction de l'exploitation des carrières à proximité en 1969. Cette caverne était d'environ 9 mètres de long et 3,50 mètres de large. À l'intérieur, ont été trouvés des fragments vasculaires et même des restes squelettiques. 

L'époque romaine voit le territoire de Rezzato traversé par la route principale, la Via Gallica, reliant Brescia à Vérone dont le tracé serait celui de l’ancienne route "statale 11" . 

À l'époque romaine, à Botticino et Rezzato étaient exploitées des carrières de marbre particulièrement apprécié par les  Romains comme en témoignent les matériaux utilisés pour la construction de nombreux bâtiments à Brescia et Rome. D'importantes découvertes datant de cette époque ont été réalisées : un autel de Livia trouvé sur le Col San Pietro, une lanterne représentant le dieu Dionysos retrouvé dans une tombe dans la localité Torre, une fibule en bronze trouvée sur le mont Peladolo et une voie romaine pavée découverte en 1971 lors de travaux sur la passerelle Rezzato-Botticino.
 
 
 
Treponti est un hameau dépendant de Rezzato.  Le nom pourrait dériver de Inter Pontes devenu Tra Pontes puis enfin Treponti, plutot que Trois ponts...
 
 
 Pontenove où la route traverse la rivière Chiese est un des deux points acceptés par tous les historiens entre Brescia et Vérone : la voie romaine passait par là. Ponte ad nonum, le pont situé à neuf milles de la ville. C'est  le plus ancien de toute la région et le plus important, il a bien des origines romaines datant du IVème siècle après Jésus-Christ. Les premiers écrits en parlent en 1167, et relèvent de l'archiprêtre Teutaldo, nommé pour l'occasion "de archipresbiter Pontenacha".



Pont et « acha », le pont sur l'eau, bientôt remplacé par le latin ecclésiastique, par Novem (avec de l'eau douce) ou Novis (sous l'eau froide). Le fait est que le pont garde pour des milliers d'années  la mémoire de la via consulaire romaine. Bedizzola était le relais de poste « Ad Flexum » sur la Via Gallica entre Brescia et Vérone.




 L'église de Santa Maria di Pontenove été construite au Vème siècle et a été l'un des plus anciens principes des campagnes d'évangélisation du la région le long de la voie romaine qui reliait Brescia à Vérone, à proximité d'un croisement de la la rivière Chiese. L'église paroissiale de Santa Maria di Pontenove est la seule église de la Région où a été déterré le baptistère. On peut distinguer trois phases de construction. Le premier bâtiment, qui remonte au Vème siècle, avec également inclus alors un cimetière, est resté en service jusqu'au XIIème siècle. Les fonts baptismaux de forme hexagonale etaient accessible par des gradins  et ils étaient utilisés pour le baptême par immersion. Les murs des fonts baptismaux étaient enduits en terre cuite et pavés de mosaïque colorée représentant une croix ornée de pierres précieuses flanquée par les lettres alpha et l'oméga. 
 

La Mutatio Ad Flexum se trouve précisément à XI milles de la civitas Brixia, sur la Via Gallica, l'artère principale reliant à Vérone soit 16, 258 kilomètres.

Le nom "Ad Flexum", qui signifie "flexion" en latin, indique que la route à ce point a dû faire un détour, un tournant qui l'a amenée à abandonner sa ligne presque droite pour surmonter un obstacle, dû dans ce cas au passage sur la rivière Chiese. En effet, il est nécessaire de penser à la Chiese de l'époque, comme un cours d'eau qui, en raison de son débit ancien, n'est pas comparable à l'état actuel, considérant que, d'abord avec la construction au début du Moyen Age du Naviglio et plus tard des différents canaux d'irrigation, beaucoup d'eau a été retirée de la rivière.
La partie inférieure de Pontenove, encore sujette récemment, pendant les périodes d'inondation de la rivière, devait être une zone marécageuse et impraticable pour le passage d'une voie de communication à l'époque romaine. En outre, la pente raide de la rive droite de la rivière, qui à cet endroit rend la possibilité d'un gué très improbable, devrait également exclure l'existence d'une ancienne piste de transhumance de moutons avant la construction du pont actuel.
Ceci explique le tracé de la route obligé de traverser la rivière dans un point plus accessible et que du fait du virage qu'il devait faire il avait donné à la localité le nom de Ad Flexum.
Dans les cartes géographiques anciennes Ad Flexum est toujours signalé proche de la Chiese près de Bedizzole, comme celle de Cluverius (1580-1622).
 
La découverte de quatre bornes milliaires soutient également l'importance de Bedizzole, comme une étape sur le chemin de cette route romaine.
La colonne milliaire, dédiée par son inscription aux empereurs Valentinirn et Valente et à Magno Massimo et Flavio Vittore, porte la distance de XXXII milles de Vérone, calculée de la localité Bagatte sur la route romaine où cette borne a été trouvé. De cet endroit la route à Brescia devait être de douze milles et en calculant que Bagatte se trouve à environ un mille avant le passage sur la rivière, la distance vient coïncider avec les XI milles de la mansio Ad Flexum.

La première milliaire est dédié à Flavius Claudius Iulianus dit Julien l’Apostat (355-363 ) et a été trouvée en 1955 à l'intérieur de la porte du château, lors des fouilles pour la pose de tuyaux.

Sur la seconde sont gravés les noms des empereurs Flavius Valentinianus Augustus (Valentinien 1er) et Flavius Iulius Valens Augustus (Valens) (364-378 d.C.), deux frères qui avaient dirigé l'Empire. Un autre écrit à plusieurs caractères rustiques vers le bas sur le même monument, grava plus tard, en plus des deux empereurs, montre aussi le nom de Flavius Gratianus Augustus (Gratien), fils de Valentinien, désigné par lui à l'âge de 8 ans, encore en vie, comme son successeur.

La troisième borne, une pierre déjà préparée avec les noms des deux empereurs Valentinien et Valens ( les jalons ont été faits en série), après que l'écriture avait été partiellement ciselée, est réutilisée comme une dédicace aux empereurs successifs Magnus Maximus (Maxime) et Flavius Victor(Victor) (383 -388 après JC), père et fils, usurpateurs de l'Empire romain d'Occident. Y est gravé le nombre de miles XXXII, qui correspond exactement à la distance de Vérone à la localité Bagatte, point où ces deux pierres ont été trouvées.

Leurs installations indiquaient les distances calculées depuis Vérone. Même la quatrième borne, la plus méconnue, venant de Bedizzole se trouve maintenant au musée de Vérone est dédié aux empereurs Magnus Maximus et Flavius Victor.

Cette pierre comportait l'inscription « À nos Seigneurs / Magnus Maximus / et Flavius Victor / Invitti Augusti / Perpetui/ Pour le bien de la République / Nati »indication que les  deux empereurs veulent souligner et confirmer la validité de leur titre car ils étant considérés comme des usurpateurs.



Au loin, nous retrouvons les montagnes enneigées et nous voyons au premier plan les collines morainiques qui masquent le lac.


À l’approche de Desenzano et du lac, le signalement des chemins augmente.


Enfin, le lac apparaît et les belles résidences se font plus nombreuses.


Avec ces collines, les oliviers et les cyprès le paysage prend des airs de Toscane.


Il reste à contourner une partie du Lac pour arriver à Desenzano.


Et enfin nous y sommes !



 

 
Le patronyme de desenzano est censé dériver du nom latin Decentius, le propriétaire présumé de la ferme et la villa du IVème siècle. Il y a aussi une étymologie populaire  :  le village s'étend le long de la pente de la colline,  le nom est lié au mot « descente » 

Entre le premier siècle avant notre ère et le premier siècle après Jésus-Christ, près de Desenzano a surgi un fundus habité par une centaine de personnes. La villa romaine, dont les restes peuvent être vus à Borgo Regio, a été construite entre les deuxième et troisième siècles le long de la Via Gallica comme résidence pour de riches citoyens.
La zone de Desenzano et Selva Lugana a été le théâtre de plusieurs batailles de l'Anarchie militaire et de l'antiquité tardive : l'empereur Dèce y vainquit Philippe l'Arabe en 249 et l'année suivante, il s'arréta près du lac de Garde  avant d’aller en Thrace combattre les Goths. En 312 les troupes de Constantin battirent celles du préfet prétorien Ruricius Pompeianus, fidèle à Maxence, fuyant Brescia et allant se réfugier à Vérone.
 
Le christianisme est venu de Vérone, grâce à des prédicateurs de ce diocèse datant de cette époque, faisant le lien entre la paroisse de Vérone et le lac inférieur. Le territoire de l’église s’étendait entre le fleuve Chiese et la  Lugana. Le noyau de Desenzano s’est développé autour de Borgo  Regio probablement grâce à la  villa romaine pré-existante. Il y fut construit un castrum vetus, pour défendre la population des invasions barbares.

 
La villa romaine de Desenzano (Via Crocefisso, 22) avait une superficie de plus d'un hectare (11 000 mètres carrés) et a été construite entre la fin du premier siècle avant JC et la première moitié du IVème siècle après JC avec des thermes (l'utilisation des sources thermales).  


Le Christ portant  tunique et pallium avec le bras gauche tendu vers un coq apparaît sur cette sphère en verre dépoli. Les étoiles dans le ciel confirment que la scène est nocturne.



La scène est plus visible sur le panneaux explicatif....


La statue d’Hercule en marbre blanc est datée de la seconde moitié du IIème siècle avant JC. Hercule nu, paré de la peau du lion de Némée.


Ces domus étaient habituellement fort décorées avec des mosaïques au sol et des murs peints aux couleurs vives.


Le nombres des pièces est impressionnant sur ce site de plus d’un hectare sachant qu’une bonne partie n’a pas été fouillée.


Les thermes de la Domus étaient développés et offraient un grand confort aux propriétaires.


Un moulin à grain manuel....





Le loisir pour les propriétaires des villas était aussi de s'occuper de la construction ou de leur agrandissement. 
Cette villa romaine de Desenzano del Garda est la preuve archéologique la plus importante de la grande fin de l'ancienne villae dans le nord de l’Italie. Les vestiges, découverts de 1921 à 1923, se réfèrent à plusieurs phases remontant à la fin du premier siècle avant JC et le Vème siècle après JC et se distinguent par le complexe exceptionnel de sols en mosaïque. La villa bénéficiait d'une excellente situation environnementale et paysagère située juste au nord de la Via Gallica, qui reliait Bergomum, Brixia et Vérone, dans une position splendide le long de la rive sud du lac de Garde, qui n'est aujourd'hui qu'à quelques dizaines de mètres.




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Museo archeologico : Chiostro di Santa Maria de Senioribus  Via Anelli, 
con  l’aratro più antico del mondo : la charrue la plus vieille au monde...
On y trouve une charrue presque complète datant du début de l'Âge de Bronze (2000 avant J.-C.) et considérée comme le plus ancien outil agricole de ce genre au monde. Il recueille également des outils trouvés le long des rives sud du Benaco, du paléolithique à l'âge du bronze.
 
  



On a quand même fait un tour dans la station balnéaire... 

Le lac est étroit coincé entre les parois de l’ancien glacier mais sa longueur semble infinie pour l’œil humain.




Il Monumento agli Aviatori del Reparto Alta Velocità dit aussi Velocita Pura, statue consacrée au groupe d’aviateurs du département Alta Velocità. Les expérimentateurs de vols extrêmes ont fait connaître le nom de Desenzano sur la scène internationale dans les années 1930. Ce site est lié à l'histoire du lac et au groupe haute vitesse (Alta Velocità) et, en particulier, au pilote  Francesco Agello qui a battu le record du monde de vitesse en hydravion et entrant ainsi dans l'histoire du vol. Le 10 avril 1933, sur le lac de Garde , il a atteint la vitesse de 682 078 km / h en moyenne sur l'hydravion Macchi-Castoldi MC72 équipé d'un moteur Fiat AS.6 de 2 500 CV . Un peu plus d'un an plus tard, le 23 octobre 1934, il a dépassé son propre record en atteignant la moyenne de 709,202 km / h avec le même hydravion, mais avec un moteur plus puissant, un Fiat AS.6 de 3 000 HP. 
Pendant cinq ans ce fut la vitesse record pour tous les aéronefs, et il tient toujours pour les hydravions à moteur à pistons....



Demain, nous allons longer le lac pour gagner Castelnuovo di Garda mais à la vitesse de nos pas !


4 logistique
 
 
Hébergement : de nombreuses possibilités 

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