vendredi 27 avril 2018

19 De Padova à Sambruson Patavis Ad Duodecimum 22 km

1 l’étape du jour

 Avec les obstacles rajoutés depuis deux mille ans, c’est une étape de 21 km contre 18 km à l’époque des romains. Il faut dire qu’à l’époque la ligne droite était la règle et que chaque flexum relevait d’une particularité géographique comme le passage d’une rivière ou l’évitement d’une grosse déclivité. Avec la plaine actuelle puis la lagune jusqu’à Aquileia, les seules difficultés étaient le franchissement des cours d’eau.
Pour gagner Ad Duodecimum, nous empruntons une route faite pour l’essentiel de pistes cyclables dont une grande partie le long d’un canal.
Dès la sortie de Padoue, l’eau fait partie du décor mais ce n’est qu’un temps fugace car nous retrouvons la route classique de sortie de ville pendant 5 km, sans intérêt, avec des voitures en nombre et des pseudos zones commerciales dérivées des États-Unis... On est loin de la Padoue piétonne.



Mais enfin, nous arrivons près d’un large canal fort pratiqué à pied et en bicyclette, c’est le canal Piovego. Le canal est a été creusé en 1209 pour relier Padoue au fleuve Brenta et arriver ainsi à la Lagune de VeniseAujourd’hui, le canal est encore parcouru par les burchielli, des petits bateaux de tourisme fluvial.


On y voit rarement de superbes demeures, mais les rares sont extraordinaires comme la villa Giovanelli Colonna. Construite dans la dernière décennie du dix-septième siècle par la famille patricienne vénitienne, mais d'origine bergamasque des Giovanelli, c'est un exemple très intéressant du retour de Palladio à l'époque baroque, grâce au pronaos monumental avec de larges colonnes à frontons. Il semble avoir été érigé sous la direction d'Antonio Gaspari, élève et continuateur de Longhena, tandis que le large escalier, orné de statues d'architectes vénitiens renommés, est dû à l’intervention de Giorgio Massari, l'architecte bien connu de la Villa Cordellina à Montecchio Maggiore et de l'église Pietà à Venise.


Toujours de l’autre côté du canal, un autre bâtiment encore plus grandiose : la villa Pisani qui est aujourd’hui un musée national. La Villa Pisani est surnommée la «reine des villas vénitiennes», c’est l'une des principales destinations touristiques de la Vénétie. Située le long de la rivière Brenta, la villa Pisani a accueilli dans ses 114 salles, doges, rois et empereurs et c’est aujourd'hui un musée national consacré à l'ameublement et autres œuvres d'art des dix-huitième et dix-neuvième siècles, y compris le chef-d'œuvre de Gianbattista Tiepolo "Gloria della famiglia Pisani", décoré de fresques sur le plafond de la majestueuse salle de bal. 
Hier comme aujourd'hui, le parc enchante pour ses vues spectaculaires, son architecture originale, le fameux labyrinthe de haies, parmi les plus importants d'Europe, la précieuse collection d'agrumes de l'Orangerie et de plantes et de fleurs dans les serres tropicales.



La température devient handicapante, nous pressons le pas pour arriver de bonne heure à notre hôtel. Nous croisons une autre belle propriété mais d’un ridicule par rapport aux deux précédentes... (même que son nom n’est pas repéré sur Google Maps !). 


En poursuivant sur la petite route qui est parallèle à la rivière, nous arrivons à Dolo qui possède un parking démesuré. En voyant les bateaux qui attendent les clients nous comprenons que les croisières ont un grand succès.



Nous sommes presqu’arrivés à Sambruson. Une paire de kilomètres plus loin, c’est le terme de la journée.
Après une pause à l’hôtel, nous ressortons pour voir l’antiquarium du village (ou plutôt tenter de voir).
Faute de musée ouvert, nous trouvons le totem 24 de la Via Annia qui reprend en partie les éléments développés au paragraphe 3 ci-après.


Le parcours et les emplacements des autres totems y figure. Ainsi demain nous serons à Mestre en face de Venise.


La description du lieu est assez détaillée mais l’erreur concernant la mansio au lieu de la mutatio est affichée en grand : il ne pouvait y avoir qu’une mansio entre Padoue et Altino, au milieu du parcours, c’est à dire vers Mestre....




Demain, nous irons à Mestre.




2 le tracé



3 le détail de l'étape

Il faut d'abord prendre le chemin sur la droite d'une branche vers Meduaco, l'ancien nom de la rivière Brenta, la sortie de Padoue puis atteindre le village de Camin, de Tombelle, Sambruson et la mansio Maio Meduaco qui est à XII milles de Patavis (Padoue): c'est également à XII milles que se trouve la mutatio Ad Duodecimum de notre anonyme. On peut donc penser qu’il s’agit du même lieu avec deux noms. Quant à la faible distance depuis Padoue, l’usage voudrait que ce soit une mutatio plutôt qu’une mansio.
Puis, l’anonyme a rencontré la route côtière en provenance de Rimini et a atteint alors le mansio Ad Portum puis a continué le long de la lagune jusqu'à Altino qui était une grande ville à l’époque.

Il existerait un autre chemin que certains chercheurs font passer sur la rive gauche de la Brenta, ancienne branche de Meduacus, en citant les nombreux objets anciens déterrés, il faut se rappeler que la région était densément habitée dans les temps anciens et que le Padoue romain disposait déjà de toutes les routes rurales subdivisées selon le cadastre et que nous voyons certaines aujourd'hui.

Les éléments romains qui définissent le parcours se trouvent ci-après.
Au-delà de la nécropole située à la périphérie orientale de la ville, la Via Annia pénètrait dans le centre urbain le long de la Via Altinate actuelle. En face du cinéma Altino, lors d'une fouille archéologique menée, il y a quelques années ont été récupérés des pavés en trachyte qui composaient le revêtement de surface de la chaussée.

Comme elle approchait du centre-ville, la Via Annia traversait de larges nécropoles  situées à l'extrémité est de la ville, entre les rues actuelles Saints, Belzoni, Tiepolo et San Massimo: le monde des morts, toujours stationnait dans les régions périphériques par rapport aux centres urbains, il accueillait ceux qui entrent dans la ville en démontrant avec des monuments et des inscriptions de l'importance de ceux qui avaient vécu dans cette ville.
La nécropole orientale a été utilisé depuis l'époque pré-romaine avec une continuité significative de la fréquentation au cours de la période de romanisation, puis dans le milieu de l'époque romaine. Dans ce domaine, il est donc concevable le passage d'une route qui venait aussi d'Altino avant la Via Annia.

Une borne milliaire, provenant de la zone de Camin et Terranegra, où un pont traverse la route une branche de la Brenta maintenant disparue, indiquait le troisième mille dédiée aux Tétrarques. Elle est en marbre blanc d'afrique avec des veines rouges. Elle a été acheté en 1919 par le musée Archéologique des Ermites de Padoue, qui mentionne une distance de trois miles du centre de Padoue. Comme elle est datée entre 293 et 305 après J.-C, c'est donc sur une route récente que l'anonyme est passé. 

 Vigonova se trouve au confluent des rivières Brenta et Naviglio. Le premier noyau antique d'habitation devait se situer dans la zone de l'actuelle Sarmazza au droit où a été découverte la nécropole paléovenitienne  du IIIème siècle avant JC. Le toponyme de Vigonovo dérive du latin "vicus novus"  village nouveau. La première église a été construite sur des vestiges romains au IVème siècle et détruite en 452 par Attila et les Sarmates  (d’où viendrait le nom Sarmazza).
Le village fut reconstruit à la fin du VIème siècle avec l'église qui fut appelée “ Santa Maria di Sarmazza di Vigonovo”, puis détruite définitivement vers les années 900 par les hongrois et une partie des pierres fut utilisée pour construire le pont du moulin de Padoue. 

Dans le village Sarmazza à l'est de Tombelle a été trouvée une autre borne milliaire en 1930, au croisement de la Via Sagredo et de la Via Cairoli. Elle indiquait VII milles de Padoue ainsi que les restes d'une nécropole avec un sarcophage, un tronçon de la chaussée de la Via Annia avec une fistule et une pierre paleo-chrétienne du Vème siècle.


La route se poursuivait sur la droite du Meduacus Maior, la rivière Brenta aujourd’hui, mais dont le cours a changé en deux mille ans.
Sur le territoire de Camin, en 1806, a été trouvé le pilier d'un pont romain, réalisé avec une bonne technique de construction on lui a donné le nom "Brenta sec".

Depuis Camin la route passait ensuite à Tombelle, Stra (un nom qui révèle le chemin) et Sambruson.

Tombelle di Saonara 
L'arpenteur-géomètre Vanuzzo, dans les années 50, avait suggéré qu'il était en présence d'un village et d'une nécropole romaine, grâce à la grande quantité de fragments de fresques, mosaïques, amphores et céramiques de haute qualité suggèraient un habitat d'époque romaine. La grande surprise fut en fait après analyse des photographies aériennes de la région, de confirmer la présence d'un  « domus » romain à Sambruson, sur le site où passait la fameuse « Via Annia ».

La station de Sambruson doit être identifiée comme la mutatio ad Duodecimum, de notre anonyme de Bordeaux. De là, elle rejoignait la route reliant avec "Meduacus" relais de poste le long du tronçon de la route côtière en bord de lagune de Rimini à l'Aquilée. Douze miles sont calculés à partir de Padoue dont le territoire était probablement prolongé jusqu'à la rivière Muson, dans la lagune de Venise, qui marquait la limite entre Padoue et Altino. Depuis Sambruson. l'ancienne route continue pour Porto Menai et Gambarare, puis s'oriente vers le nord pour éviter les zones marécageuses de la lagune, où aujourd'hui se trouve le centre industriel de Porto Marghera.

L’antiquarium di Sambruson Via Comunetto 5, 30031 Sambruson  orario: Apertura su richiesta
 L'antiquarium de Sambruson expose de nombreuses découvertes archéologiques, la plupart du temps de l'époque romaine, trouvée en 1950 lors de fouilles effectuées par le professeur Lino Vanuzzo, passionné d'histoire locale. La grande quantité de céramiques domestiques, des fragments de fresques et des mosaïques et des éléments de structure rend possible la présence d'un tassement important. Les sources antiques indiquent, aujourd'hui que Sambruson, est un important relais de poste : la mansio Maio Meduaco, ainsi nommée pour sa proximité avec une branche de la rivière Brenta, la Meduacus Maior.

4 logistique
Hébergement 
Hotel Ca’Zane Martin      Via Argine sinistro, 105      tel 39 041 412216     info@cazanemartin.it

Agriturismo Dartora    Via Brenta Secca 1230031 Sambruso       Téléphone mobile +39 346 0667797            B&B 65€

Restaurants
Peccato di Gola via Brusaura, 40  tel +39 041 515 0201
Hotel Ca’Zane … Cher
Trattoria Della Clara Via Stradona 118    tel +39 041 410928 ouvre à 19:30

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