dimanche 8 avril 2018

2 de Chivasso à Trino

1 l’étape du jour

Cette étape s’annonçait facile en allant jusqu’à Fontanetto Po comme initialement prévu. Le dimanche nous a été fatal puisque nous avons trouvé un seul hébergement possible plus de 10 kilomètres plus loin, à Trino. La longue marche s’est transformée en quasi marathon... En plus, pas possible de compenser l’écart par un bus ou un train : les indicateurs des transporteurs offrent beaucoup de possibilités mais toutes notées FER6. C’est à dire feriale 6 jours, en traduisant les 6 jours ouvrables sauf le dimanche ! Nous sommes arrivés à l’hôtel pour voir la deuxième mi-temps du match Racing vs RCT...
2 le tracé

3 le détail de l'étape
Chivasso (rappel : on prononce Kivasso !)
De Chivasso commence en outre le Canal Cavour, réalisé entre 1863 et 1866, un des plus hauts exemples de génie hydraulique de l’époque qui, à travers un réseau de canaux étendus, a permis le développement des territoires de la plaine du Po et en particulier de la riziculture.
  Nous assistons à une célébration des anciens Alpini  Ils vont sûrement faire un repas extraordinaire juste après.


Au passage nous voyons une enseigne qui plaira à Loïc : un « centri del Fai da Te » et en plus ouvert le dimanche !


Si nous ne sommes pas sur l’ancienne voie romaine en tout cas son tracé dans cette plaine du Po y ressemble. En fait, c’est bien elle puisque nous allons arriver plus loin à la Mansio Quadratis de notre anonyme de Bordeaux.




 La Mansio Quadratis (Quadrata)  est indiquée à 12 milles de la mutatio ad Decimum et donc à 22 milles de Turin.
 Depuis l'époque de la Rome antique, le territoire de la commune de Verolengo abritait une agglomération urbaine. Sur ce territoire se trouvait la Mansio Quadrata qui était un relais de poste pour ceux qui voyageaient sur la route Turin-Pavie (Augusta Taurinorum à Ticinum), ils pouvaient y faire halte, avec tout le confort de l’époque et bien sûr remplacer les chevaux. 

De nouvelles découvertes archéologiques sur le site près de Quarini en complément des études que l'avocat Vincenzo Druetti avait effectué sur l'emplacement de ce site même de l'ancien relais Mansio Quadrata, dissipent ainsi tout doute.



Dans le hameau de Benne, situé le long de l'ancienne route Trino / Pavie Verolongo, dans les alentours de la ferme historique actuelle de Quarino blanc et de Quarino rouge se trouvait cette colonie romaine dès le premier siècle avant J. C. . Il ne reste rien à Benne des bâtiments d’origine; le site n'a jamais été abandonné et donc souffert de l'évolution de l'histoire; Cependant, en comparaison avec d'autres mansiones, on peut supposer que le site était équipé d’un « hôtel » où les voyageurs pouvaient se rafraîchir et se reposer, d'un bâtiment alloué aux services requis pour le transport : les personnes, les animaux et les chariots. Le bâtiment a dû logiquement disposer de dortoirs, de thermes, d’un entrepôt et d’un relais de poste, un  atelier pour la réparation des charriots, une forge et un entrepot de stockage pour la paille et le foin. Il est possible que soit détaché du grand bâtiment, un temple dédié à une divinité, de sorte que les voyageurs, avant de reprendre le voyage, souvent semé d'embûches, pouvaient quérir l'aide des dieux.
Avec l'arrivée des invasions barbares la mansio s'est adaptée aux situations nouvelles : si la route Turin - Pavie a perdu de son importance, le cours de la rivière Po à proximité, du port de Chivasso Crescentino au confluent de la Doire Baltée et du Pô. La mansio est donnée à l'Abbaye Lucedio en 843. On suppose donc que la mansio, située entre le cours navigable du Pô et la route romaine n’est jamais disparue et a survécu aux barbares.



Les fermes de Quarino ont conservé la racine de l'ancien nom de Quadrata, transformé à la suite des évolutions successives en Quarto, pendant le Moyen Age, et enfin en Quarino. 
Quadrata , avait une importance considérable en raison de sa position le long des routes commerciales et militaires entre la Gaule et Rome, après Augusta Taurinorum (Turin) on s’arrêtait à Quadrata où il y avait une alternative pour aller à Piacenza par la Via Aemilia en passant par Ticinum (Pavie) ou par la Via Fulvia secondaire ( d'Asti à Tortona). La découverte de la nécropole, dans laquelle des dizaines de tombes ont été identifiées a permis de comprendre l'importance et la taille de la colonie romaine, rares sont en fait les vestiges des bâtiments, dont en général, seules subsistent les fondations. Parmi les objets mis en lumière sur le territoire de Verolengo, il y a des carreaux, des pièces de monnaie en cuivre et en bronze, datables entre 33 et 300, des vases en terre cuite, des objets en marbre et en bronze. principalement conservés au Musée Civique de Turin, un bronze de bonne facture représentant une belle figure féminine avec des ailes, une paire de décorations en argent, une urne de pierre dans laquelle il y avait une précieuse urne en albâtre couleur miel, qui devait garder les cendres d'une personne illustre comme indiqué par l'anneau d'or découvert avec la cornaline sur laquelle un aigle est gravé .
 Pour la première fois en 1420, après un silence de 115 ans, on retrouve dans l'archevêché des documents d' Ivrea nommant Quareto, la possession féodale de l'évêque du document Ivrea. Il parle aussi sur les limites de la colonie située entre le fleuve Pô, Dora, Monteu, Lauriano, Brusasco et Verolengo….
  
La Mansio se trouvait sur la gauche



À « Quarino Rosso » a été trouvé un fragment de borne milliaire dédiée à Constantin, qui témoigne que la route avait une importance stratégique en particulier au IVème siècle, route pivot du système de défense organisé contre l'invasion par les pays au-delà des Alpes. À cette période, pour faire face aux situations d'urgence militaires spécifiques, un contingent de contrôle Sarmatae Gentiles Quadratis, y a été installé. Les Sarmates avaient pour rôle de relancer l’agriculture mais aussi de protéger le territoire en cas d’invasion. Constantin, pour affaiblir la poussée des barbares et remettre en culture des terres désertes, osa établir à l'intérieur même de l'Empire des peuples entiers. Ainsi, les Sarmates, s’installèrent en 334, au nombre de 300 000, en Thrace, Macédoine, Italie du Nord et Gaule... Notre anonyme en a croisé lors de son retour...

Une paire de kilomètres plus loin, une voiture nous dépasse et s’arrête rapidement juste après. Les 4 occupants sortent et une dame vient vers nous. Si elle souhaite des renseignements, elle est bien mal tombée... En fait, ce sont également des pèlerins qui travaillent pour la via Francigena toute proche au nord. La dame est native de Quarrino et nous discutons une bonne dizaine de minutes sur le pèlerinage de l’anonyme de Bordeaux. Ultreia 
Nous sommes passés à Borgo Revel, en fait juste en face puisque le village est de l’autre côté de la ligne ferroviaire.
En face de Borgo Revel sur la rive droite du Po, se trouvait Industria, une ancienne colonie romaine qui fait partie aujourd’hui de Monteu da Po.
La colonie a probablement été construite entre 124 et 123 avant JC , dans le cadre d'une série de fondations des colonies dans les terres du Monferrato recherché par le consul Marco Fulvio Flacco , à l'ancien village ligure du Bodincomagus ( "place du marché sur la rivière Po" du nom de la rivière ligure, Bodincus) cité par Pline l'Ancien dans son Naturalis historia.
Grâce à sa position géographique au confluent de la Doire Baltée et du Po, qui mettait en communication le Val d'Aoste et ses mines avec le fleuve, c'était un centre commercial et artisanal axé sur la métallurgie. C’est à Industria , en effet , que les barges chargées de dalles en pierre des Alpes, étaient expédiées partout dans la République romaine.
 La découverte de nombreux objets en bronze, à la fois produit localement et importés, les pièces de monnaie, les structures de boutiques d'artisanat et demeures empreinte, témoignent du niveau de prospérité atteint par les habitants. La ville a été abandonnée vers le VIème siècle, probablement à cause des raids répétés des barbares sur ce territoire.




 
 Nous poursuivons notre longue marche jusqu’à arriver à
  Construite en 1242 par la commune de Vercelli comme un village libre, l'agglomération est née sur un territoire appartenait autrefois en premier Capitole de Vercelli de San'Eusebio (Moyen Age) puis l'abbaye bénédictine de Saint-Genuario et Lamporo, puis à la la Principauté de Lucedio ( Moyen Age). 
Le nom de la ville dérive du nom de Crescens, et son diminutif, relativement commun au XIIIème siècle. Tombé, en 1315, entre les mains de la famille pro-impériale Tizzoni Conti, le village avait un rôle important sur l'échiquier entre Po, Chivasso et Casale, une frontière entre le marquis de Montferrat et le duché de Savoie. 
Compte tenu de la distance parcourue et de l’heure, nous décidons de faire une pause. Un habitant élégant nous dit d’aller à l’Archigusto qui est un restaurant remarquable. C’est ce que nous avons faits et nous n’avons pas été déçus.
Le patron nous a fait la présentation de toute la carte en détail. 
Alors j’ai pris tout simplement une « Panissa alla vercelese con fagioli di Saluggia e riso carnatoli dell’ Azienda Agricola Andreone » qui est naturellement un plat typique.


Et Christine a retenu « l’uovo in camicia su letto di fonduta con perlage di tartufo nero ». Vous noterez qu’elle a eu droit à un verre de Barbaresco, elle...



Enfin, compte tenu de l’accueil nous avons tenu à faire la photo souvenir avec le patron qui lui-même est allé à Santiago et va y retourner. 



Nous sommes passés juste après devant la Mutatio Ceste (Cestae) après la sortie de Crescentino à 11 milles de Quadrata ; sa  position est définie précisément : 45,189906  8,151744
L'ltinerarium Hierosolymitanum souligne également, entre la mansio Quadratis et la mansio Rigomago, une autre mutatio Ceste,  située à mi-chemin entre Crescentino et Fontaneto Po. La raison la plus plausible est due au fait qu’un passage de fleuve est possible à cet endroit, le Po encore assez large tout en conservant certaine impétuosité et la profondeur du lit adaptée. Lors de la pose de la variante de Fontanetto Po du gazoduc de méthane Cortemaggiore-Turin on a découvert  juste au S-O du village, les vestiges d’une route pavée, large de 6 m en mauvais état,  mais quand même a montré une inclinaison par rapport au nord magnétique de  57°. Ce doit donc être un diverticule de la route principale Ticinum-Augusta Taurinorum pour s'enfoncer dans le territoire vers la localité Santa Maria. 
 Puis nous arrivons au village qui aurait du être la fin de l’étape : 
Il reste une dizaine de kilomètres, ce seront les plus longs pour arriver jusqu’à Trino, les lignes droites semblent infinies. Sur les côtés, les rizières sont en préparation nous ne nous plaindrons pas car c’est la garantie de ne pas avoir de moustiques. L’immense plaine est bordée au Sud de collines qui dirigent le cours du Po.



La première colonie est probablement d'origine celtique. Le nom d'origine, « Rigomagus » signifie « roi du marché » dans cette langue. A partir du deuxième siècle avant notre ère Rigomagus a été le site d'une mansio romaine (cité dans l'Itinerarium Burdigalense ) d' une certaine importance par sa position stratégique près du gué du Po et à l'intersection des routes qui reliait la civitas militaire Augusta Taurinorum (Turin) avec Ticinum (Pavia) puis Augusta Praetoria (Aosta) avec la Civitas Asta (Asti). Cette mansio se situait à "Le Verne", presqu'à hauteur de Tricerro.  à environ 4 km au nord de Trino et 2 à l'ouest de Tricerro.Les premières fouilles ont débuté en Novembre 1969 puis se sont poursuivies de Mars 1970 au 31 Mars 1973. La mansio Rigomagus  existait à la période impériale (gobelets de Vicarello du début du Ier siècle de notre ère), au troisième siècle (itinéraire d'Antonin) et au quatrième siècle (l'itinéraire Burdigalense). Rigomagus est toujours citée dans les compilations médiévales de géographique, la Cosmographie de l'anonyme de Ravenne et la Géographie de Guido, daté entre les septième et dixième siècles, mais qui ont utilisé des matériaux précédents l'invasion lombarde de la fin du VIème siècle. À cette époque, cependant, le chemin auquel appartenait la mansio Rigomagus était tombé en désuétude, remplacé par une variante au Nord par Vercelli, attestée par une étape consacrée à Tétrarques et trouvé dans la région de Livourne et au Moyen Age, du nom de la couche Liburni. Plus tard, le nom de Rigomagus disparaît des documents et semble n'avoir laissé de traces, même dans les noms de lieux locaux, tout comme sous une forme modifiée de ce lieu. 
 Les vestiges retrouvés montrent le plan d'un ensemble de bâtiments disposés, selon un sens logique et une vision précise de leur fonction. Les excavations ont mis en évidence : une zone centrale de 52 x 60 m, formant un enclos ceint par un mur soutenu par des contreforts, pour le logement; un grand hangar d'environ 3 m de large, le long du périmètre intérieur de l'enceinte ainsi que que des ateliers, des écuries, des entrepôts pour l'approvisionnement en nourriture pour les voyageurs et le fourrage pour les animaux. Ont été  également mis en évidence : 2 canalisations en briques, dont une pour l'eau potable et l'autre pour le drainage des eaux de la cour;  une route large de 3,60 m  autour de l'enceinte; deux salles de basilique avec abside, à l'opposé, en dehors à l'ouest du mur d'enceinte ; entre les deux salles, deux chambres avec salle de bains; au-dessus des deux salles on suppose que logeait le prepositus de la mansio; d'autres maisons autour de la clôture pour l'hébergement, des tavernes et des magasins construits par des usages privés. 

 Sur le territoire Trino il y avait deux usines de production d'électricité.
La première, la centrale nucléaire Enrico Fermi  a été construite dans les années soixante. Elle est située sur la rive gauche du Pô et a été pendant de nombreuses années été l'une des installations les plus avancées de son genre dans le monde. 
La deuxième usine, la centrale Galileo Ferraris  était à cycle combiné. Elle a été inaugurée en 1998 et est située près du hameau Leri Cavour . Elle se composait de quatre turbines alimentées au gaz méthane et deux turbines à vapeur et délivrait une puissance totale d'environ 700 MW.
Heureusement, l’étape demain sera plus courte mais annoncée pluvieuse. Nous irons dans un vieux moulin où il a un « paccheto » à 90€ en DP alors que le prix de la chambre seule est annoncé à 75...
4 logistique
Hébergement 
Hôtel il Convento Via Hermada 3/a, 13039 Trino B&B 95€

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