jeudi 26 avril 2018

18 bis à Padoue

Une journée de plus à Padoue
 
 
 
À l'époque romaine, la Piazza Duomo constituait l'umbilicus urbis (le nombril de la ville) ou le point de rencontre entre le cardo maximus (maintenant via Dante et via Barbarigo) et le decumanus (les actuelles rues de San Francesco et dei Tadi).  La présence de la cathédrale de la ville dans ce lieu depuis les IVème et Vème siècles a été récemment confirmée par des fouilles archéologiques qui ont affecté la zone du baptistère. Au début du Moyen Âge, elle devint le site d'un marché aux bestiaux et, à côté de la cathédrale, les évêques construisirent un château, premier noyau de l'actuel épiscopat. La cathédrale a été reconstruite à plusieurs reprises, surtout après le tremblement de terre de 1117. Au XIIIème siècle, la place était entourée par de nobles palais dont celui des Scrovegni. La confrérie de San Sebastiano, qui a érigé son école, a été installée à côté de la cathédrale.
 
 La Via Annia dans Padoue :
Passé le cours du Meduacus par le pont Altinate, la rivière a été enterrée dans les années 50, la via Annia passait par la place Garibaldi, puis se dirigeait vers le sud, le long de ce qui est maintenant la Via VIII Febbraio. Elle passait ensuite au Forum, situé entre le Pedrocchi et la Piazza Cavour, puis continuait le long de la Via Roma et Via Umberto I, jusqu'au Prato della Valle. C'est à cet endroit que se tenait une importante nécropole, dont l'exacte mesure aujourd'hui n'est pas encore connue. Plusieurs tombes ont été découvertes au début de la Via Luca Belludi, près de l'église de Santa Giustina et vers le secteur ouest de la place. Dans le secteur est du Prato della Valle, se situait le théâtre romain, datant de l'époque d'Auguste. Derrière la place Santa Giustina, on spécule que se trouvait le cirque. 
La sortie de Padova par la Via Annia commence a être plus fiable. Selon certains chercheurs, la route a dû se diriger vers Adria, en prenant le sud-est de Santa Giustina; selon d'autres, il devait avoir une route plus ouest, en direction de Bologne, qui aurait entrepris de Corso Vittorio Emanuele.
 



Le Ponte San Lorenzo était un  autre pont sur la rivière Bacchiglione (situé dans la Via San Francesco). Construit entre 47 et 30 av. J.-C., il est l'un des tout premiers ponts arqués segmentaires du monde. Il est également remarquable pour la finesse de ses piliers, insurpassés dans l’antiquité. Le Ponte San Lorenzo mesure 53m de long et 8m de large. La date de sa construction figure sur une inscription du pont entre 47 et 30 avant JC.  Ce pont est d'une importance particulière dans l'histoire de la technologie antique pour ses arcs aplatis et piliers élancés. Ses trois arcs s'étendent sur 12,8 m, 14,4 m et 12,5 m, avec la portée de 3,7 fois la hauteur , ou, différemment mis, décrivant un segment d'un cercle de 113 °.  Le profil de la structure diffère donc considérablement de l'arc de pont semi-circulaire typique romain avec sa valeur de 180 °. Il est aujourd'hui en grande partie incorporé dans des édifices bâtis au cours des siècles près de la rivière. Son arche orientale s'étendant sur la voie navigable était encore visible au milieu du XXème siècle, quand il a été abattu et le canal restant rempli pour réaliser la rue de la Riviera dei Ponti Romani. Les arches intactes du pont existent encore au-dessous du niveau de la rue et peuvent être visités par le public mais pas le jour de la Libération de l’Italie...




Il existe aussi le Ponte Molino, autre pont  romain à travers la Bacchiglione. Construit entre 30 et 40 avant JC, il a été restauré au Moyen Age et au XIXème siècle. Sur le pont passait la rue la plus importante de la ville, le Stra 'Maggiore et donnait accès à la Porta Molino. 


 
Musée Archéologique   Piazza Eremitani, 8  fermé les lundis  10€ mais ouvert le jour de la Libération !

L'itinéraire de la Via Annia d'Adria à Aquilée est bien défini depuis Padoue jusqu’à Aquileia. L’anonyme de Bordeaux a ajouté des mutationes inconnues et plusieurs ont été localisées. C’est ce parcours sur nous allons suivre mais souvent par des routes modernes car la Via Annia à été abandonnée au fil des siècles.




Le musée archéologique expose des monuments funéraires de personnalités célèbres, mais aussi des hommes inconnus et des femmes, 









des objets du quotidien, 




des ornements personnels. 




 Le cloître abrite une collection lapidaire, composé de colonnes, chambranles, chapiteaux, frises, éléments architecturaux, pour la plupart trouvés dans les collines Euganéennes et à Padoue. Mais nous n’avons pas vu de bornes milliaires....


C’est fini pour les romains... Nous avons vu aussi une cérémonie militaire à l’occasion de la fête de la libération de l’Italie devant la mairie.




Puis nous avons gagné le café Pedrocchi, établissement
néoclassique achevé en 1831 d'après l'oeuvre de Giuseppe Jappelli, dont les salles supérieures datent de 1842. Au XIXème siècle c’était un célèbre lieu de rencontre de littéraires et le théâtre des batailles d'étudiants au moment de la révolution de 1848. Il est encore surnommé le "café sans portes" car jusqu'à la première guerre mondiale il était ouvert 24h sur 24. À l'intérieur, une grande salle, nommée Rosa, occupe tout le rez-de-chaussée.
 Le Caffè Pedrocchi est le café spécial de la maison : vu de haut une crème fraîche à la menthe fouettée, saupoudrée de chocolat qui recouvre un café chaud. Il n’est pas accompagné de grappa mais d’eau !


Le tout pour ce café mémorable : 5€. Pendant cinq minutes nous sommes seuls. Le café est à nous. En plus, une atmosphère jazzy avec des standards de McCartney nous berce ! J’ai failli m’endormir...


Au premier étage, à l'initiative de l'architecte imaginatif et créatif, les huit salles sont décorées chacune dans un style différent (égyptien, roman, renaissance, étrusque, etc).



La salle Rossini


La salle Renaissance 


Après les salles particulières, le restant de la visite est consacré à l’histoire récente de Padova.


En commençant par la révolte contre les Autrichiens






L’armement des soldats italiens pendant la première guerre mondiale...


Le discours de Benito Mussolini devant 500 000 personnes au Prato della Valle le 24 septembre 1938....


Une « fake news » que Trump n’a pas inventé : les SS sont de gentils soldats, 




Le Palazzo della Ragione (Palais de la Raison) est, dans les villes du Nord de l'Italie, un type d'édifice public qui s'est développé du Moyen Âge à la Renaissance, destiné à accueillir tout à la fois les réunions de Conseil et les audiences des tribunaux. C'était, dans ces cités, le grand centre de la vie civile et de l'administration publique.
Bien que présent dans de nombreuses villes, le nom de « Palazzo della Ragione » évoque principalement ceux de Padoue et de Vicence.
    Le palais de la Raison fut construit en 1218, puis surélevé en 1306 par Giovanni degli Eremitani qui lui donna sa couverture caractéristique en forme de toit en carène. L'étage supérieur est occupé par « la plus grande salle suspendue au monde », le Salone (le Salon) : longueur 81 m, largeur 27 m, hauteur 27 m, englobant ainsi un volume intérieur de 40 000 m3 environ. Le plafond est une immense voûte de charpente apparente sans colonnes de soutien.Les fresques originelles, attribuées à Giotto, ont été détruites par un incendie en 1420. Le Salone fut alors orné d'un ensemble de fresques réalisées de 1425 à 1440, qui forment un cycle grandiose sur le thème de l'astrologie, sur une étude de Pietro d'Abano
     

    Le sous-sol est occupé par deux long couloirs qui regroupent nombre de magasins formant ainsi des sortes de halles. Hier soir nous y étions passés avec quelque activité, aujourd’hui c’est le calme plat, effet du jour férié...


    La salle est vraiment impressionnante de par ses dimensions. Le cheval au fond paraît minuscule mais il est en fait énorme...




    Récemment, dans un angle du Salon a été exposé un pendule de Foucault, soulignant l'importance que Padoue a toujours attachée aux découvertes scientifiques.


    La pierre du Vituperio est en trachyte. Elle avait un rôle particulier comme siège surélevé...

    Même aujourd'hui, en Italie, pour indiquer une personne qui a des problèmes financiers, on dit qu '  « è rimasta in mutande » (elle est restée en sous-vêtements )
    ou, dans le nord de l'Italie, qu' « è rimasta in braghe » ( elle est restée dans son pantalon de toile).

    Ces expressions viennent du Moyen Âge et sont la conséquence directe d'une condamnation imposée à ceux qui ne pouvaient pas payer leurs dettes. C'était une sorte d'expiation publique qui, dans certaines parties de l'Italie, remplaçait des châtiments plus graves, comme une série de coups de fouet ou de prison.

    En dehors de quelques variations territoriales, la procédure consistait généralement à amener le coupable sur la place publique, vêtu seulement d'une culotte, d'où dérive l'expression «rester en sous-vêtement»; puis, il devait s’asseoir par trois fois les fesses sur cette pierre, appelée le "vituperio", en prononçant à chaque session l'expression "cedo bonis",  "je renonce à tous mes biens" (implicite "en faveur des créanciers").

    Ainsi, si d'une part, le malheureux résolvait le problème du paiement de ses dettes, mais que d'autre part, sa solvabilité faible ou nulle était rendue publique, à partir de ce jour, il ne trouvait personne prêt à lui faire crédit.


    Le salon conserve un gigantesque cheval de bois, copie du monument Renaissance de Gattamelata de Donatello, ainsi que deux sphinx d'Égypte rapportés au XIXème siècle par Giovan Battista Belzoni.





    Une horloge qui paraît si petite dans ce vaste salone.


    Les souterrains étaient aussi fermés...


    De chaque côté du Palais, les places étaient affecté à un marché particulier comme les fruits ou les légumes renforçant l’impact commercial du centre de la cité.


    Nous ne visitons pas la tour de l’horloge qui est fermée exceptionnellement...


    Nous arrivons derrière la cathédrale de Padoue qui elle est ouverte.


    Elle mérite bien sa première place en taille comparée aux basiliques de Saint Antoine et de Sainte Giustina.






    Dans la crypte une chapelle 


    Sous l’autel se trouve corps de Saint Daniel de Padoue.


    Dans le chœur se trouvent les statues modernes des saints de Padoue saint Prosdocime et sainte Giustina.






    Nous faisons un petit tour dans le baptistère voisin qui lui aussi est ouvert et recouvert de fresques.



     Nous passons par le ghetto de Padoue. Au XVIème siècle, c’était l’un des grands centres du judaïsme médiéval, avec une très célèbre académie rabbinique où de nombreux étudiants venaient de toute l’Europe, attirés aussi par l’antique faculté de médecine qui était la seule à accepter des juifs parmi ses étudiants. La conquête vénitienne en 1405 obligea les juifs à vendre maisons et terrains et limita à 12 % les taux d’intérêts qu’ils pouvaient exiger. En 1509, la conquête de la ville par les lansquenets de Maximilien d’Autriche fut marquée par le saccage du quartier juif. La reconquête par les Vénitiens quelques mois plus tard entraîna de nouveaux pillages, et jusqu’en 1560, la ville célébra cette victoire du 17 juillet avec trois courses, dont celle des ânes et des juifs, obligés de courir sous les quolibets. Le ghetto fut institué en 1601: plus de 600 personnes s’entassèrent dans une poignée de rues étroites et malsaines. Il ne fut supprimé qu’en 1797


    Installé dans les ruelles proches de la piazza delle erbe, l’ancien ghetto a gardé une bonne partie de son aspect original. Dans la via San Martino e Solferino, où se trouvent les bureaux de la communauté, au no 9, se dressait l’une des quatre portes surmontées du lion de saint Marc. Un peu plus loin, la via delle Piazze était le cœur du quartier, avec deux des trois antiques synagogues aujourd’hui disparues.

    Dans la corte Lenguazza, fut inauguré en 1525 le Grand Temple « allemand» , la principale synagogue de la cité qui fut remaniée et embellie en 1683. Au XIXème siècle, elle devint de rite italien, et la grande plateforme baroque centrale fut enlevée. Endommagée par un premier incendie en 1927, elle fut à nouveau brûlée en 1943 par les fascistes locaux. Seul le magnifique aron baroque de marbre échappa aux flammes. En 1955, il fut démonté (40 tonnes) et installé à Tel-Aviv en Israël dans la synagogue Yadan Eliahu.



    Finie la journée ou presque....
     
     Comme nous avons une réservation à 20 heures, nous revenons après un passage à l’hôtel pour voir le chef-d’œuvre de Giotto. Une petite pause est toujours la bienvenue.
     
    La chapelle des Scrovegni : chef d’œuvre de la peinture du XIVème siècle italien et européen est considérée comme étant le cycle de fresques le plus complet réalisé par le maitre toscan Giotto.

     Couleurs et lumières, poésie et pathos, l’homme et Dieu : Giotto a révolutionné la peinture en son temps.

    Le sens de la nature et de l’histoire, le sens de l’humanité et de la foi fusionnent pour raconter d’une manière unique les histoires de la Madonne et du Christ. 
    Giotto termine les fresques de la chapelle au cours des premiers mois de l'année 1306. A cette période, la chapelle présente une architecture très simple: une pièce rectangulaire présentant voutes, élégantes fenêtres trilobées gothiques, de hautes et étroites fenêtres sur la paroi sud, une abside polygonale… Le cycle pictural de la Chapelle se décline en trois thèmes principaux : les épisodes de la vie de Joachim et Anne les parents de la vierge Marie, les épisodes de la vie de Marie et les épisodes de la vie et de la mort du Christ. En bas de ces fresques, une série de cadres illustre les allégories des vices et des vertus : les 7 pèchés capitaux faisant face au 7 vertus cardinales.

    La représentation de l’enfer par Giotto marquera ses successeurs.



    Devinez quelle est cette vertu...

    Et juste en face, son opposée....












    Bref, nous ressortons après un petit quart d’heure de la Chapelle avec des souvenirs... Dommage que le Palais de la Raison ait brûlé, la surface peinte par le maître et ses élèves, bien plus grande, aurait donné lieu à des heures de visite.
    Au fait, nous avons pu voir la Chapelle à cause de la célébration de la Libération de l’Italie. Il faut s’y prendre bien plus tôt pour pouvoir la visiter, alors cela vaut bien quelques désagréments.

    Demain, retour sur le chemin de l’anonyme nous allons à Duodecimum par la Via Annia. On peut toujours rêver !

     

    Aucun commentaire:

    Enregistrer un commentaire