En 218, Hannibal conduisit ses troupes à travers les Alpes. Il lui fallut, depuis la traversée du Rhône, dix jours d'approche, neuf jours de montée au milieu de tribus hostiles, deux jours de regroupement au col et quatre jours de descente en se taillant un chemin dans le versant, pour parvenir enfin dans la plaine du Pô avec la présence des fameux éléphants qui lui donnent un relief unique. Mais on ne sait pas par où il est passé même si nous sommes passés par deux cols possibles...
Les Taurini, alors en guerre avec les Insubres, qui s'étaient déjà alliés à Rome, se rebellèrent en faveur d'Hannibal puis d'Hamilcar en 200 avant JC. Les Taurinis décidèrent de rester fidèles à Rome et tentèrent d'interdire le passage à Hannibal.
Polybe et Appien en témoignent tous les deux. Taurasia était alors un poste d'observation au point de passage du Pô, ils résistèrent aux Carthaginois pendant trois jours avant de succomber aux troupes d’Hannibal et à ses effrayants éléphants.
Avant 100 av. J.-C. il n'y avait pas encore de cité mais des groupes d'habitations, jusqu'en 58 av. J.-C., pendant la campagne gauloise, Jules César établit un castrum, au confluent du Pô et de la Dora Riparia.
En 44 av. J.-C., peu après la mort de César, le triumvirat déplaça une colonie appelée Julia Taurinorum dans la région de Turin.
En 28 av JC, Auguste y transféra une seconde colonie sous le nom de Julia Augusta Taurinorum dont le plan est encore détectable dans le centre de Turin.
Julia Augusta Taurinorum s'est développée avec le plan urbain romain caractéristique, avec une muraille d'un périmètre d'environ 2875 mètres, et une surface de 45 hectares, ayant la forme d'un quadrilatère avec le coin nord-est biseauté.
En 312, Constantin Ier, dans la guerre qui l'opposait à Maxence, l'affronta victorieusement dans la capitale piémontaise, dans la zone comprise entre Turin et Rivoli. L’armée envoyée contre lui par Maxence, était dotée d'un fort contingent de cavalerie lourde ( clibanarius et cataphractus ) Constantin remarqua que les cavaliers de Maxence avançaient en formation de coin ; il ordonna à son centre de reculer, en élargissant autant que possible sa ligne sur le devant de son propre alignement, puis il ordonna aux côtés de se refermer sur l'ennemi. La cavalerie lourde ne put pas manœuvrer rapidement. Au contraire, Constantin disposait une cavalerie armée "légère", donc plus mobile. De plus, Constantin avait doté ses hommes de marteaux cloutés qui rendaient moins efficace l'armure lourde des chevaliers adverses. Puis, Constantin ordonna à ses soldats d'infanterie d'avancer contre ceux de Maxence pour leur couper la route d'évacuation.
Les habitants d' Augusta Taurinorum refusèrent d'abriter les troupes en retraite de Maxence, en fermant les portes de la ville. Après la bataille, Constantin y entra acclamé par ses habitants. D'autres villes de la plaine italienne, reconnaissant le génie militaire de Constantin et la façon dont il avait traité la population civile, lui envoyèrent des ambassadeurs pour le féliciter de sa victoire.
Au cours des IVème et Vème siècles, Augusta Taurinorum vit l'établissement de groupes de barbares en charge de garder les débouchés des cols alpins : les Dalmates de Constantin, puis les Sarmates.
Comment s’est développée la colonie d’Augusta Taurinorum ?
L’ager centuriatus du territoire commença par l'umbilicus soli, le centre de la ville. À partir de là, l’arpenteur utilsa sa groma pour tracer les deux premiers axes perpendiculaires : le cardo maximus orienté nord-sud et le décumanus maximus orienté est-ouest. À leur croisement, outre l'umbilicus soli, se trouvait la place principale de la ville : le forum. Ensuite, il traça de part et d'autre des axes initiaux, les cardi et les decumani secondaires (limites quintarii). Des routes secondaires parallèles ont ensuite été tracées à des intervalles de 100 actus (environ 3,544 km). Le territoire était ainsi divisé en zones carrées : les saltus. Le quadrillage est complété par d'autres axes parallèles à ceux déjà établies à une distance de 20 actus (710,40 m) pour définir ainsi une centurie.
Les murs de Julia Augusta Taurinorum dépassaient cinq mètres de hauteur et deux mètres d'épaisseur.
L’enceinte disposait de quatre portes : Decumana, Prætoria, Principalis Dextera et Principalis Sinistra. Ces murailles étaient renforcés par cinq tours d'angle octogonales et des tours de guet de chaque côté, à l'embouchure des rues de la ville.
Sur l'axe du Decumanus Maximus (la Via Garibaldi aujourd’hui), la Porta Pretoria, connue sous le nom de Porta di Po, est maintenant incorporée au complexe du Palazzo Madama. En face de cette porte se trouve la Porta Decumana, appelée aussi Susina ou Segusina (Segusium, le nom romain de la ville de Suse.
Le decumanus maximus a été révélé en plusieurs endroits.
Sur l'axe du Cardo Maximus (via San Tommaso et via Porta Palatina), se trouvait la Porta Prìncipalis Sinistra également connue sous le nom de Porta Palatina ou Doranea et la Porta Prìncipalis Dextera, également appelée Porta Marmorea. Les rues principales (cardo et decumanus) avaient une très large voie, environ dix mètres et demi (un peu plus de 35 pieds romains), et étaient équipées de deux trottoirs d'environ un mètre et vingt (4 pieds romains) bordés par une rangée régulière de blocs de pierre carrés. La chaussée était pavée de grandes bases de pierre polygonales, disposées régulièrement, sous lesquelles coulaient les tuyaux d'égout.
La seule encore visible est la Porta Palatine, qui remonte au Ier-IIème siècle après J.-C. Le nom de « Porte palatine » provient de l’appellation médiévale de Porta Palatii, qui indiquait la proximité du Palatium impérial, probable demeure des ducs lombards et des comtes francs. Dans cette période, les portes jouèrent le rôle de véritables maisons fortifiées aussi bien vers l’extérieur que vers la ville. C’était la porta principalis dextra du mur d’enceinte romain : il en sortait une route importante, au débouché du cardo maximus, dans la direction nord-sud, dont il reste quelques traces, qui menait à Laumellum (Lomello) et à Ticinum (Pavie) en franchissant les collines au nord.
C’est une construction robuste en briques, flanquée de deux tours polygonales, à 16 côtés, de 30 mètres de hauteur, avec une plinthe pyramidale, qui encadre une façade dans laquelle s’ouvrent 4 passages : deux centraux pour les chariots, deux latéraux plus petits pour les piétons.
Dans les passages sont encore visibles les rails sur lesquels coulissaient les portes de fermeture. A l’extérieur, au-dessus d’une architrave en marbre, l’on voit deux ordres de fenêtres flanquées de lésènes et de demi-piliers.
Derrière la façade se trouve un bâtiment carré (la statio, ou caserne), qui abritait les gardes. Cette architecture était probablement commune aux autres trois autres portes principales de la ville romaine.
Les caractéristiques de la Porta Palatina sont répétées dans deux autres portes de la ville: la Principalis Dextra en marbre, détruite en 1635, mais enregistrée dans un croquis par Giuliano da Sangallo; et la Porta Decumana, dont les restes sont encore visibles sur la façade du Palazzo Madama.
Le théâtre romain est encore en partie visible dans la zone adjacente à la Porta Palatina, en partie cachée par une aile du Palazzo Reale.
Construit près des murs de la ville afin d'éviter un gradient naturel dans la terre, le théâtre occupait presque tout un pâté de maisons. Sur deux côtés, il était délimité par deux rues, tandis que le porticus post scaenam était sa limite Nord, juste à côté des murs de la ville.
Les restes encore conservés dans l'ancien jardin royal montrent que dans une période suivant la construction originale, le bâtiment a été agrandi et l'enceinte rectangulaire remplacée par un front plus traditionnel. Le nouveau et plus grand demi-cercle, avec de robustes pilastres soutenant les murs, dépassait la limite fixée par la façade précédente et empiétait sur la plate-forme de la rue voisine. Des dalles de marbre blanc recouvraient le podium décoré de faux pilastres.
Au Moyen Age, on peut généralement observer une phase initiale de dissolution et de désorientation de l'organisation romaine, mais à Turin, la parfaite symétrie du plan romain a été continuellement préservée.
Nous avons profité de cette journée pour visiter deux nouveaux musées.
En premier lieu le Palazzo Madama. Ce palais à la façade baroque révèle les préoccupations urbanistiques de la première moitié du XVIIIéme siècle en Europe, à savoir l'embellissement des édifices existants, la création de perspectives dans la ville et une volonté de paraître.
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